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    Risques
    d'inondations
     jeudi 27 mars 2003 
    Promouvoir un plan
    global de lutte contre les inondations
    Pour faire face aux inondations,
    l'Etat met en place des Plans de prévention des risques
    d'inondations (PPRI).  Mais ces PPRI sont mal
    perçus et acceptés par les élus locaux.
    Souvent, à juste titre. Intervenant au nom du groupe communiste,
    lors d'une séance du Conseil régional consacrée
    à cette question (27-28 mars 2003), Jean-François
    Boyé a souligné la nécessité de mettre
    en oeuvre un plan global de lutte contre les inondations. Un
    plan fondé sur la solidarité de bassin, l'interdisciplinarité
    des compétences et une véritable démocratie
    participative. Afin de développer une véritable
    culture du risque. 
    La question des PPRI n'est pas
    nouvelle. 
    Le 7 juillet 2000, le Comité régional de l'environnement
    attirait l'attention du Président de notre assemblée
    sur, je cite, " l'urgence de mesures à prendre dans
    le cadre de la lutte contre les inondations ". Il soulignait
    le rôle de la protection civile et l'importance de la sécurité
    des personnes.  Et il exprimait le " besoin
    d'une cohérence régionale des actions régionales
    ". 
    1) Constatant l'urgence d'initiatives à prendre en direction
    des pouvoirs publics et des entreprises concernés par
    ces risques, il proposait l'organisation d'un processus de concertation
    régional sur la prévention et la gestion des crues. 
    2) Il réclamait également le lancement d'une étude
    sur les conséquences de la mise en uvre des PPRI.
 
     Trois hivers après, où en sommes-nous
    ?  Plus avant, sans aucun doute. Ce dont nous
    pouvons que nous féliciter. 
    L'exécutif régional a en effet pris en compte la
    demande du CRE. La société Hydratec a été
    missionnée pour une étude sur les PPRI et un Comité
    de pilotage a été créé pour suivre
    ces travaux. Une évaluation a été réalisée
    sur la base des informations connues pour les trois départements
    où les PPRI ont été approuvés : l'Essonne,
    le Val de Marne, le Val d'Oise. Cette étude s'est notamment
    basée sur :  
    des études hydraulique antérieures, notamment celle
    de l'Institution des barrages réservoirs du bassin de
    la Seine, mettant en évidence des disparités entre
    territoires,  
    ainsi que des entretiens avec les différents acteurs,
    afin d'approcher la réalité du terrain. 
     Ce bureau d'études a rendu ses conclusions
    l'été dernier. Elles sont éloquentes. Et
    plutôt alarmantes. Elles nous font mieux comprendre les
    interrogations et les préoccupations, pour ne pas dire
    la colère et l'incompréhension, de beaucoup élus
    locaux qui ont à débattre des PPRI.  Que
    disent-ils ? :  
    Que leur mise en place se traduirait par de très nombreuses
    contraintes, notamment en matière de développement
    économique et social. 
    Que ces nouvelles contraintes ne donneraient lieu à aucune
    compensation. Pire, qu'elles entraîneraient des dépenses
    supplémentaires, en matière d'assurance par exemple,
    comme des pertes de recettes, du fait de la dépréciation
    de terrains ou du manque à gagner en matière de
    taxes. 
    Que cette procédure se passe sans véritable concertation,
    sur un document ficelé et partiel. 
    Que rien n'est dit et fait à propos des ouvrages de proximité
    qui, pour la plupart d'entre eux, ont été réalisés
    il y a très longtemps et méritent donc souvent
    d'être revus. 
    Qu'il manque aujourd'hui une réflexion sur les aménagements
    à réaliser en amont. Et qu'il faut redonner à
    certains de ceux qui existent déjà leur mission
    première d'écrêtement des crues et de soutien
    d'étiage. 
    Que les informations sont parfois difficiles à obtenir.
    Que la communication passe mal.  
    Certains élus locaux ont ainsi l'impression que leur commune
    fait l'objet d'une ségrégation spatiale et qu'ils
    sont, eux-mêmes, des sacrifiés. 
     Face à de telles préoccupations,
    on ne peut donc que se réjouir de la tenue du débat
    d'aujourd'hui. Car, est-il besoin de le souligner, le problème
    est toujours aussi grave et urgent. Il ne se passe pas une année
    sans que notre pays soit confronté à -au moins-
    une grave inondation. Nous y avons échappé jusqu'ici.
    Parfois de peu. Et pour combien de temps encore ? Inutile non
    plus de revenir sur les conséquences d'une crue de type
    1910. 
    Nous avons aujourd'hui en main la plupart des données
    nécessaires à la réflexion et à l'action.
    Reste la volonté politique. 
     Il faut, selon nous, un plan global de lutte
    contre les inondations. 
    Cette globalité s'entend évidemment du point de
    vue géographique. Cela suppose une coordination, une homogénéisation
    régionale des PPRI départementaux. Mais, même
    cette cohérence régionale est insuffisante. Pour
    obtenir une cohérence maximale des actions, c'est-à-dire
    une efficacité maximale, et ce au moindre coût,
    il faut que cette lutte globale se pense au niveau du bassin
    versant de la Seine. En un mot : il faut une solidarité
    de bassin. Et il n'existe qu'une structure apte à la gérer
    : l'Agence de l'eau Seine-Normandie. 
    Cette notion de " globalité " se comprend également
    au niveau des PPRI. Ces dossiers mêlent des aspects économiques,
    techniques, financiers, sécuritaires, etc. Autrement dit,
    les questions du développement économique et social,
    de l'aménagement du territoire, de l'urbanisme, des travaux
    de protection (tant en amont que pour la proximité), les
    questions de l'environnement, de la protection civile, de l'information
    et de la communication des élus et de la population, des
    coûts de construction, d'indemnisation et de réparation,
    doivent être abordés d'une manière cohérente. 
     Enfin, on ne peut parler de " globalité
    " sans penser à la manière de traiter cette
    question. Comment s'étonner de la réaction de nombres
    d'élus auxquels on demande de se prononcer sur un aspect,
    sans avoir pris la peine de leur expliquer les tenants et les
    aboutissants -l'amont et l'aval- de leurs décisions ?
    Sans les avoir impliqués dans la réalisation d'un
    plan global. Croire que l'on peut se passer de leur adhésion
    sur un tel sujet serait lourd de conséquences. Comment
    développer autrement chez eux, et à travers eux
    : chez leurs administrés, une véritable "
    culture du risque " ? Une culture qui vaudrait pour les
    risques industriels.  Faut-il rappeler que notre
    Région compte plus de 100 sites Seveso ?  |